Toutes les femmes sauf les juives ?

Une marche contre les violences faites aux femmes implique nécessairement toutes les sortes de violence faites à toutes les femmes du monde entier. Voilà la véritable solidarité, celle qui ne tolère aucune exclusion ni distinction de classe, de religion, de nationalité. Si nous opérons une sélection des victimes, en distinguant celles que nous soutenons et celles que nous laissons dans l’ombre et le silence, nous détruisons les principes mêmes de la solidarité.

Lors de la marche annuelle du 25 novembre contre les violences de genre sexistes et sexuelles, un collectif s’est vu refuser le droit de manifester et de faire entendre sa voix.

Pourtant, cette voix avait toute sa légitimité dans un tel défilé. Il s’agit du collectif Nous Vivrons, venu porter la voix des femmes israéliennes victimes de viols comme arme de guerre par le Hamas le 7 octobre. Place de la Nation, environ 300 femmes brandissaient des pancartes aux slogans percutants : « Silence, le Hamas viole », « #MeToo unless you are jew », ou encore « Hamas terroriste, féministes complices ». Elles étaient là pour dénoncer le silence de certaines organisations féministes. Elles tenaient une large banderole en tête de leur cortège : « Violées, mutilées, tuées par le Hamas, qu’attendez-vous pour condamner et agir ? »

Des membres de l’ultragauche et des groupes d’antifas les ont empêchées de marcher. Les CRS leur ont déconseillé de manifester pour des raisons de sécurité. Sous la menace, la haine et la peur, elles ont décidé de ne pas se joindre au défilé.

La fondatrice du collectif, Sarah Aizenman, dénonce l’indifférence des cheffes de file d’associations féministes et des partis politiques présents dans le cortège qui ont détourné le regard.

Deux jours plus tard, le collectif #NousToutes, sous la pression des critiques, a publié un communiqué de presse afin de sauver son image et, au lendemain de la marche, le tweet suivant : « Le féminicide de masse des Israéliennes nous a terrassées de douleur. » Il vous a tellement terrassées de douleur que pas un slogan, une banderole ou pancarte n’a été brandi en leur soutien lors de la marche du 25 novembre. On y croit toutes et tous à votre « douleur ».

On me dira que cette marche ne devait pas avoir de « récupération politique ». Très bien. Mais alors pourrait-on m’expliquer pourquoi des drapeaux palestiniens s’agitaient au-dessus des têtes ? Pourquoi de larges banderoles en solidarité avec les femmes palestiniennes étaient déployées comme celle-ci : « Libérez les femmes de Palestine – Stop au génocide » ? Pourquoi aussi, un peu plus tard, lors de la marche, une voix féminine hurlait dans son mégaphone : « Israël assassine les femmes de Palestine » ? Et le Hamas alors ? Il n’assassine aucune femme ? Non, bien entendu, le Hamas est un mouvement de résistance qui respecte les droits des femmes et participe à leur émancipation. Tout le monde le sait bien.

C’est la solidarité à géométrie variable qui me donnera toujours la nausée.

J’aimerais rappeler une seule chose aux féministes de France qui refusent de voir la vérité en face. Il y a un an, vous avez à l’unanimité soutenu les Iraniennes qui se sont révoltées contre le voile obligatoire et qui ont dénoncé un gouvernement islamique archaïque et tortionnaire. N’oubliez pas que les pasdaran d’Iran et le Hamas de Gaza marchent main dans la main et utilisent la même arme contre les femmes : le viol. Le viol jusqu’à briser et mutiler leurs parties génitales. N’oubliez jamais qu’ils ont le même sang sur les mains et la même haine des femmes.

Par Maryam Madjidi, écrivaine

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